L’évolution consiste très schématiquement en un cheminement du simple au complexe, chaque âme ayant eu l’occasion de passer de l’élémental au minéral, puis au végétal, puis à l’animal, puis à l’humain au cours d’un processus extrêmement long. Le moteur de départ de l’évolution est le désir, compris comme une première manifestation de la conscience (l’expression « atomes crochus » rend compte de cette attirance qu’éprouvent l’un pour l’autre certains éléments chimiques). C’est le développement de la puissance du désir qui permet l’accession au stade supérieur ; parallèlement,  d’une âme-groupe, suffisante aux premiers stades, on évolue vers une âme individualisée pleinement consciente d’elle-même  (le druidisme enseigne ainsi qu’une âme, une fois individualisée et devenue humaine, ne peut se réincarner dans une forme animale ou végétale).

Le travail évolutif continue aussi après la mort.

 

Rappelons que l’âme en s’incarnant revêt trois corps, soit, du plus subtil au plus grossier :

le corps mental, avec lequel elle pourra penser ;

le corps astral, avec lequel elle pourra sentir  ;

le corps physique avec lequel elle pourra agir dans le monde matériel.

 

En mourant, l’homme accède au monde astral sans avoir changé en quoi que ce soit ; il est animé des mêmes émotions et des mêmes désirs ; simplement il ne peut plus les assouvir faute de corps physique. Il lui faudra épuiser la force de ces désirs (faute d’être alimentés, ils meurent après un certain temps) avant de pouvoir évoluer sur un plan supérieur. C’est ce que recouvre la notion de purgatoire (lieu de purification) ; il faudra y passer d’autant plus de temps que pensées et sentiments bas auront conduit à une densification et un obscurcissement du Soi au lieu de chercher à le rendre subtil et lumineux.

Arrive enfin le moment de quitter le monde astral pour le monde mental, où l’âme tire des expériences de la vie des idéaux de pensée  et d’action (le contenu émotionnel et mental de la vie passée est le point d’appui sur lequel se construit l’édifice de la vie suivante), avant de rejoindre enfin la région céleste d’où elle pourra revenir sur terre  avec une sagesse plus grande et de nouvelles occasions de servir.

 

Il est temps ici de faire intervenir la notion de kroui, connue dans d’autres philosophies sous le nom de karma :

traversé par l’Énergie Universelle, l’homme transforme celle-ci en bonnes ou mauvaises actions. Une mauvaise action est une dette qui ne peut être payée que par la souffrance (physique et/ou mentale) car le mal n’engendre que le mal (à l’inverse une action positive engendrera du bonheur). Pas de sentence divine ; l’homme est son propre juge et c’est lui-même, en tant qu’exerçant son libre arbitre,  qui se condamne à subir les conséquences de ses actes.

Le destin d’un homme est la quantité de bon et mauvais kroui que les Esprits Bienfaisants  ont permis qu’il lui soit dévolu pour une vie donnée (sans cet ajustement opéré par les Grands Êtres qui veillent sur nous, la part de mauvais kroui serait absolument décourageante à affronter pour quiconque n’est pas très avancé dans son évolution…). Le corps physique dévolu à l’homme est celui que son kroui a mérité (gare aux actions qui peuvent engendrer un kroui atroce, particulièrement la cruauté à l’égard des hommes ou des animaux, car il s’agit d’une faute contre la Loi Fondamentale d’Amour) et celui qui sera le plus adapté à la fois à la liquidation de ce kroui et à la réalisation de sa tache (qui consiste in fine à se rapprocher toujours plus de ce but ultime : atteindre le plan des Maîtres).

Quand l’homme aura vécu suffisamment de vies dont le bilan positif sera supérieur au bilan négatif, il échappera enfin au cercle d’Abred (cercle des migrations) et arrivera au terme de son évolution à l’état ineffable de Maître, où il n’aura plus à se réincarner (si ce n’est volontairement ; la récompense du service consiste en effet en une possibilité toujours plus grande de servir et d’aider) et à quitter le cercle de Gwenved, où son âme éternelle retrouvera sa source au sein de l’Incréé.