Tristan est sur son cheval gris et s’approche de la caverne du dragon. Celui-ci crache du feu et avec ses dents et ses griffes ne craint personne. Cependant, Tristan se jette dans la bataille avec témérité. Au bout d’une heure, un grand cri retentit., puis le silence s’installe.

Aguynguerran le roux est resté caché non loin de là. Au bout d’un moment de silence, il s’approche doucement du champ de bataille et voit le dragon mort et Tristan évanoui.

Il coupe la tête du dragon et l’emporte chez le roi Gormont où il réclame sa récompense. Le roi est dubitatif car il connaît la couardise de son sénéchal. Cependant, les gens de la cour et le peuple sont tellement soulagés de la mort du monstre qu’ils abjurent le roi de respecter sa promesse. Gormont demande alors que l’on prépare le mariage de sa fille. Pourtant Iseult ne croit pas qu’Aguynguerran a tué le dragon, d’autant que celui-ci la poursuit de ses assiduités depuis plusieurs mois et qu’elle le déteste .

Elle se rend alors dans le marais des eaux noires, et retrouve Tristan, brûlé par le souffle du dragon,  qui est évanoui mais encore vivant. Il serre dans sa main crispée la langue du dragon.

Iseult avec sa suivante Brangien, la fidèle, la confidente, et le valet blond Perinis l’indéfectible emmènent Tristan au château, où la princesse soigne la brûlure de Tristan avec des herbes magiques. Après lui avoir fait prendre un bain, tout à coup Iseult le reconnaît : « Mais c’est Tantris qui nous a sauvé, qui a risqué sa vie pour nous. » Elle le soigne de longs jours, au cours desquels elle s’attache au jeune homme, qui n’a que 17 ans. Un jour, elle décide de nettoyer son épée qui est noircie par le sang du monstre. Or, cette épée est ébréchée car un morceau est resté dans le crane du Morholt, qu’Iseult a gardé en souvenir. Elle confronte la forme du morceau à la partie manquante de l’épée, et s’aperçoit que cela coïncide parfaitement.

Une grande colère la saisit. Elle se rend compte que Tantris est en fait Tristan, qu’elle a promis de punir de la mort de son oncle le Morholt. Elle brandit l’épée de Tristan pour l’abattre sur lui, et c’est à ce moment que Tristan ouvre les yeux : « Avant de m’occire, écoutez-moi : Certes, cela fait 2 fois que vous me sauvez la vie, elle vous appartient donc. Mais si j’ai combattu le dragon, c’est pour avoir la possibilité de vous emmener avec moi. Je suis venu pour ça, et pas pour autre chose. Voyez le cheveu cousu dans mon haut de chausse, c’est le votre » Il parlemente si bien qu’Iseult pose l’épée et lui pardonne.

Iseult demande à Gormont de réunir les barons et les représentants du peuple. Celui-ci s’exécute et devant tous affirme qu’Aguynguerran est un menteur, qu’il n’a pas tué le dragon. Celui-ci rétorque qu’il a la tête du monstre, mais Iseult montre que cette tête n’a pas de langue. A ce moment, Tristan apparaît au fond de la salle, suivi de Gorvénal et de tous les chevaliers de Cornouailles et montre à tous la langue du dragon.

Gormont s’apprête à donner sa fille à Tristan, mais celle-ci prend la parole :

« Père, ce chevalier est Tristan, qui a tué mon oncle le Morholt, mais comme il nous a sauvés du dragon, je lui ai pardonné. Donnez-lui votre paix »

Gormont s’exécute, mais Tristan demande  à son tour la parole :

« Roi Gormont, je vous remercie. Certes, j’ai gagné la main de votre fille. Cependant, pour unir Irlande et Cornouailles et honorer mon engagement, je vous la demande  pour mon oncle le roi Marc, qui l’attend comme épouse et l’honorera comme une grande reine »

Le roi accepte donc de confier sa fille à Tristan, et celui-ci prépare le navire qui va les emmener en Cornouailles.

Iseult est extrêmement blessée, elle en veut terriblement à Tristan de l’emmener en Cornouailles pour épouser son Oncle.

Elle emmène avec elle Brangien, sa servante sœur de lait, et le valet Périnis (dans cette société, un valet attaché à un suzerain est souvent le cadet d’une famille noble en formation, autrement dénommé page un peu plus tard).

Le voyage se déroule  à la fin du printemps, sur cette mer d’Irlande où peuvent se produire de terribles tempêtes, des pluies diluviennes, mais aussi des journées ensoleillées.

Tant Iseult est dépitée, qu’elle pleure, elle rage, elle montre sa colère envers celui qu’elle aime mais qui l’a trahie pour l’amener comme proie à son oncle, le vieux roi Marc( il a 35 ans)..

Brangien et Perinis sont silencieux, ils ne savent quoi dire pour calmer la princesse. Seul Tristan vient de temps à autre s’enquérir de son état. A chaque fois, il se fait rabrouer :

« Le voilà donc, le héros ! Le brachet de son maître, qui lui rapporte le gibier qu’il a pris ! Je vous hais, vous m’avez dédaigné, épargnez moi votre présence, qui me fait souffrir ! »

La vie sur le bateau est pénible pour tous, Gorvénal et tous les chevaliers de Cornouailles se tiennent éloignés de leur future reine, et le voyage semble traîner en longueur.

En effet, le vent est tombé, le soleil est brûlant, tous essayent de se tenir à l’ombre, mais il n’y a que le soir que la température est supportable. D’ailleurs, on voit sur les côtes les feux de la St-Jean prêts à être allumés.